mercredi 5 juin 2013

chez habib - Une playlist sur Dailymotion

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1 commentaire:










  1. Mohammed Ennaji
    il y a 2 heures, à proximité de Rabat · ..




    Regards sur la presse

    Toutes presses confondues :

    La hantise du Makhzen

    Le makhzen, le makhzen… L’imagerie populaire nourrit abondamment le vocable : Des prisonniers enchaînés, des têtes coupées accrochées aux portes des cités impériales, des collecteurs d’impôts brandissant leurs fusils, une harka sans arrêt en mouvement qui vit sur la population pressée sans relâche, des chambellans tyranniques et des sultans de tout poil.
    La presse marocaine éprouve manifestement des difficultés à se défaire d’un tel vocable. Le concept semble fasciner à ne pas en finir, une jouissance libératoire s’en dégage qui procure un exutoire au journaliste en mal d’inspiration. Les récits de fantômes passionnent toujours les foules.
    Le fait est étrange, voilà un vocable qui traîne derrière lui une réputation peu enviable faite de répression, de tyrannie, de gabegie, et qui pourtant hante encore allègrement les propos de notre presse. Le makhzen fait incessamment des une et remplit des dossiers de bien des quotidiens et des hebdomadaires. Que penser d’un tel constat et comment l’expliquer ? S’agirait-il d’une pure nostalgie ? Elle serait alors bien étrange et de mauvais aloi en cultivant un attachement maladif d’une conscience sociale à son présumé bourreau, ce qui fait vite long feu comme raisonnement. On ne peut prétendre par ailleurs que cette organisation tant décriée et appartenant à un passé perçu comme archaïque, soit constamment interpellée parce qu’elle est toujours vivace dans les nouvelles structures étatiques dont elle rendrait compte de bien des mécanismes. Trop facile une telle tournure qui fuit la difficulté en la contournant ! L’Etat marocain a indiscutablement beaucoup changé et n’a plus grand-chose à voir, quant à l’essentiel, avec le makhzen. Alors comment interpréter l’arrogante résurgence « paperassière » de celui-ci au point qu’elle en devient une véritable présence.
    Il y a peut-être une réelle difficulté à penser la transition dans notre société composite où se bousculent des signaux parfois contradictoires et des structures dont l’articulation donne plus la sensation d’un bricolage que d’une cohérence maîtrisée et harmonieuse. Le makhzen ne hanterait plus dès lors les mémoires par hasard mais plutôt en raison d’une incapacité à appréhender les changements en cours qui s’inscrivent dans des modes d’évolution sui generis complexes et ardus à concevoir. Certes la prédominance de la monarchie explique pour sa part la persistance en question. Mais elle l’explique dans cette même logique, dans la mesure où l’on ne perçoit pas clairement ni les modes ni les niveaux d’articulation entre la monarchie et les autres composantes décisionnelles de l’Etat. Evidemment le makhzen est un fonds de commerce qui se vend toujours très bien, mais cet aspect ne suffit pas à rendre compte de l’engouement dont le concept fait l’objet et que le marché à lui seul n’explique pas. Celui-ci relèverait plus de la mésintelligence que de la nostalgie. Et peut-être d’une attitude de crainte inconsciente qui hanterait notre présent collectif de ne pas voir la transition en cours aboutir, de voir un corps social et politique « difforme » qui ne tienne pas entièrement les promesses d’une modernité risquant de s’avérer « avortée ». Alors on soupçonne le monstre tapi dans les entrailles de l’Etat et, en quelque sorte, on tente de l’exorciser en en scandant le nom comme pour le faire déguerpir par magie. Le makhzen nous renvoie alors, tout compte fait, l’image de notre propre stérilité structurelle qui s’est muée en inaptitude à dessiner les contours de notre à venir. Il se profile tel un épouvantail refoulant en nous la montée de la modernité


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